Comme beaucoup de choses ici, avant le passage à l’acte, j’aime prendre le temps de prendre le temps, et ce projet particulier d’accompagnement des abeilles et de revalorisation de leur génétique prend aujourd’hui (enfin, en 2016 ; vous suivez ce blogue ou non ? 😉 ) un tournant attendu : l’arrivée des six ruches-troncs !
Mais, quid ? Quid ? Qu’est-ce donc ce microprojet de revalorisation de la génétique de l’abeille ?
L’idée est simple, et pour la version longue et plus détaillée, il faudra venir ici lors des journées, parfois organisées (cf. Fêtes de la Nature 2021 & 2022) pour en savoir plus. Parce que c’est mieux à l’oral ! 🙂
L’environnement des abeilles, le nôtre et celui de tous, de la biodiversité et du reste, est fortement dégradé, et continue à se modifier selon des rythmes qui nous échappent.
Un des rouages du projet global qui se déroule au Bief, à Chassigny-sous-Dun, est celui de favoriser l’émergence d’un biotope le plus diversifié possible pour favoriser l’installation, la vie et la santé de ceux qui y vivent, nous compris.
Les abeilles en font partie. J’ai donc choisi les ruches les plus proches de leur habitat naturel local, car nous avons ici peu de falaises et anfractuosités rocheuses 🙂 : les ruches-troncs !
Elles présentent un nombre d’avantages certain que je ne décrirai pas ici aujourd’hui, mais que vous trouverez dans l’excellent livre de M. Henri Giorgi, « LA RUCHE-TRONC – Une apiculture d’accompagnement des abeilles ».
Alors pourquoi « revalorisation génétique » ? Deux bien grands mots pour juste souligner que le projet agroécologique qui se met en place au Bief a pour but de poser un environnement le plus diversifié et sain possible pour tous ceux qui y vivent.
Et, concernant les abeilles, de les laisser s’épanouir au sein de cet environnement, d’y essaimer. Chose que je vais laisser librement mes abeilles faire (différence entre apiculture « d’accompagnement » et « d’exploitation » des abeilles), contrairement à ce que ferait un apiculteur désireux de prélever du miel à la colonie1.
Ainsi, au sein de cet environnement privilégié, de cet habitat naturel qu’est la ruche-tronc, à la (quasi)2 non-intervention de l’accompagnateur, quand une ruche essaime, c’est que la reine a estimé que sa colonie était assez forte pour cela, et qu’elle a laissé tout ce qu’il faut derrière elle pour qu’elle perdure. Ainsi, cette reine qui quitte son nid pour aller en fonder un nouveau ailleurs, laisse une héritière (celle qui naîtra la première et qui aura dézingué les autres dans leurs cellules royales voisines) avec en théorie, un bagage génétique potentiellement plus fort de quelques caractéristiques. Ce qui se vérifiera peut-être lors de l’hiver, ou des hivers suivants. Sinon, ce sera pour une autre colonie, une autre fois. Il faut être patient. Une vie d’homme n’y suffira pas, mais il faut bien commencer à un moment ! ^_^
À force d’essaimages, et de favoriser l’environnement, je compte bien, génération après génération, pousser certaines de ces caractéristiques, propres alors à la localisation des essaims, à s’adapter petit à petit à la physiologie du lieu de vie, de ses ressources.
C’est ce que j’appelle la revalorisation génétique de l’abeille. ^_-
C’est pourquoi aussi je ne fais pas venir d’essaims ou de reines d’élevages pour peupler ces ruches… Cela dit, je l’ai fait une fois, depuis 2016, et j’ai alors compris bien des choses. Cela m’en a confirmé d’autres sur la justesse de ce projet, il faut que les abeilles se relocalisent et se forgent une génétique propre à leur territoire, il faut que les reines retrouvent une espérance de vie plus proche de ce qu’elle était auparavant (5-6 ans contre 2-3 aujourd’hui), il faut qu’elles s’adaptent et façonnent des protocoles de lutte face aux prédateurs et/ou parasites locaux (varroa, frelons asiatiques, rongeurs, chenilles…), pour cela, l’accompagnement est une bien plus belle philosophie que l’exploitation !3
Et c’est ce que nous continuons donc de faire ici, au Bief, à Chassigny-sous-Dun, de l’accompagnement de toute cette vie, pour qu’elle perdure le plus possible dans les meilleures conditions pour tous et toutes.
- Et ce n’est pas un jugement, c’est compréhensible aussi, d’un point de vue économique, que de vouloir favoriser une production vendue au poids en empêchant que l’unité de production ne divise sa population d’ouvrières par deux ! ↩
- Il s’agit quand même de les accompagner un peu… 😉 ↩
- Qui n’empêche pas forcément la récolte de miel, mais peut-être dans une mesure plus respectueuse ! 🙂 On y reviendra dans ce blogue… ↩