Comme le titre l’indique peut-être, la visite de cet établissement, renommé Institut du Charollais, nous a laissé un peu… perplexe ?
J’aurais aussi pu appeler cet article « The Horror pictures show » ou « Comment un animal devient un simple bien que l’on possède »… Mais comme je ne tiens pas à avoir une tête de boeuf clouée sur mon portail en signe de « va t-en », je préfère m’en abstenir… ^_^
Tout a commencé par l’envie d’aller visiter une tour située à côté de Charolles, tout un programme en cette belle journée, mais, comme nous ne trouvions pas la route qui y menait, on a décidé d’aller à l’office du tourisme pour aller plus vite.
« Ah mais, cette tour est privée, elle ne se visite donc pas, mais allez donc visiter la maison du charollais, ça vaut le coup d’oeil » nous y est-on conté. Charolles étant l’endroit où nous allons faire le marché, les nombreuses pancartes indiquant l’institut charollais nous avait déjà interpellé. Bon, pourquoi pas, après tout. Il était déjà plus de 15h, pas la peine d’aller trop loin non plus.
Je ne qualifierai pas ça d’erreur, car cette visite était intéressante sur certains points, notamment le fait que maintenant nous savons pourquoi nous ne conseillerons pas cette visite, malgré la gentillesse de l’hôtesse d’accueil.
Dès l’entrée, le ton est donné, il existe deux billets, celui à 2 € et qques qui est pour la visite simple, et celui à 4 € et qques pour la visite AVEC dégustation (saucisson de boeuf et un morceau de viande, je ne sais plus lequel). Bon, avec notre régime, et nos envies de viande actuelle, le billet simple nous allait très bien. Billet simple gratuit pour les enfants, c’est sympa.
Dès le début de la visite, c’est parti… Les premières salles sont des reconstitution d’un abattoir et d’une cuisine, pendant que des panneaux ludiques (style puzzle) désignent tout ce qui se mange sur une vache, un film sur écran géant diffuse un documentaire culinaire, avec des conseils de cuissons et tout. Un jeu sur ordinateur à deux sous ennuiera Virgile au bout de 3s et deux dixièmes (un labyrinthe où il faut déplacer un curseur qui se déplace à la vitesse d’un pixel par minute… la classe). Un socle sur lequel sont disposées des fioles reliées à un bouton qui permet de diffuser une odeur qu’il faut reconnaître (style pomme, caramel, beurre, fruits,…), bon, pourquoi pas, heureusement que Virgile n’a pas vraiment fait attention au schmilblick, car je ne connais pas trop la teneur en produits chimique de ces diffuseurs… mais bon… rien de transcendantal en fait, sauf si vous souhaitez quelques conseils pour cuisiner (griller) une pièce de boeuf.
Bref, l’accueil au RDC nous laisse assez froid, nous qui pensions visiter un endroit où on nous montrerait la vache, l’animal, on se retrouve devant un étal de boucher qui nous explique qu’on fait aussi de la maroquinerie avec la peau…
A l’étage, un peu d’histoire (un peu) sur l’évolution de l’élevage au cours du siècle dernier, où comment nous avons réussi à industrialiser une filière qui traitait le vivant, aujourd’hui, elle ne le traite plus, ou a oublié que c’était du vivant…
Il y a certains documents qui sont assez intérressant, de vieilles représentations des mangeurs de viande (toujours gros et gras, et riches), un peu de vieux matériel et quelques papiers d’époque. Sont exposés aussi les outils d’aujourd’hui, les ordinateurs de poche, style Palm, avec lecteur code barre et tout le logiciel qui va avec (j’ai malheureusement oublié le nom du soft). Avec ça, vous gérez votre production. Peu importe le nombre de têtes.
Au troisième la salle d’exposition (une expo de peintures ce jour là) et un tour sur la tour qui offre un panorama sur la région. Malheureusement, le site n’est pas des mieux exposé, et il faut lever les yeux au loin pour avoir une belle vue. La vue proche montrant la zone indus ou une voie rapide… Mais bon, là on est dans le détail… Il y a de beaux châteaux au loin.
C’est par ici, et en images s’il vous plaît :o)
Ce que nous a entre autre apprit cette visite :
- La vache n’est plus un être vivant, c’est un produit que l’on manipule, que l’on transforme, que l’on sépare de sa progéniture pour lui piquer son lait, que l’on vend comme on vendait les esclaves à l’époque en lui tâtant le cuissot, que l’on reproduit selon ses choix à soi, que l’on surproduit, que l’on exploite.
- Le mouton charollais « possède à la fois d’excellente qualités maternelles et de remarquables aptitudes « bouchères » ». Repris d’un panneau de la visite. Bouchère et maternelles dans la même phrase, je crois que c’est le panneau qui m’a le plus marqué. A moins qu’il ne s’agisse de termes techniques que j’ignore, je trouve cette phrase très choquante.
- L’industrialisation et notre surconsommation de viande, il n’y a qu’à regarder les files d’attente chez les bouchers, ont fait de ce noble métier un boulot purement froid et industriel.
- Nous allons droit dans le mur
Il y a des films le long de la visite qui montrent divers aspects du travail de l’éleveur… Je me souviens notamment de celui qui, sur fond de musique bucolique et champêtre, montrait des hangars remplit à rabord de bovins qui se jetaient avidement sur des seaux de poudre que l’on mélangeait au fourrage. De tracteurs qui passaient le long de ces bovins pour leur projeter dans leur « stalle » de la paille en morceau, de fermes d’exploitations immenses gérées par des machines bruyantes, de poussière, d’agitation, de bruit. De fermes qui semblaient fonctionner jour et nuit, comme si c’était ça le nec plus ultra, la ferme industrielle. On est loin de certains élevages respectueux, car plus petits peut-être et de leur activité raisonnée. Une agitation silencieuse car masquée par la musique bucolique, étonnant, comme si de rien n’était.
Un autre film en 3D avec des lunettes, qui montre le fameux marché au bestiaux de Saint-Christophe en Brionnais. Un marché historique. Les bovins sont déversés par camion entier dans des allées et sont parqués, attachés au cou par une corde le long des chemins où se sont déversés à leur tour, la similitude est d’ailleurs troublante, des centaines d’acheteurs/éleveurs (qui étaient eux-même parqués derrière des grilles à l’entrée et qui se sont déversés aussi à l’ouverture du marché, comme des consommateurs occidentaux un jour de solde) qui vont les regarder, tater, consulter, négocier. La vache en tant que tel n’existe plus, il s’agit d’un simple bien. Je suis un peu mauvais quand même car je n’ai jamais assisté à ce marché. Mais à l’air apeuré de beaucoup de ces bovins, je ne suis pas sûr de vouloir voir ça, et encore moins de le montrer à mes enfants, pour l’instant.
Heureusement, il reste des éleveurs qui ont ôté le pistolet qui leur était imposé sur la tempe en se désengageant de ce système de surproduction qui ne leur faisait pas gagner plus d’argent (je ne parle pas du chiffre d’affaire mais du bénéfice) et qui aiment encore leur métier, qui savent aimer leur vache et surtout qui les élève en les respectant. Je suis sûr qu’ils existent encore.
Bien sûr, tout le monde déjà vu à la télé ces documentaires qui nous montre l’élevage industriel, la surproduction, les mauvais traitements aux animaux, mais d’en visiter un temple, c’est autre chose.