Mardore… Premiers contacts avec la chaux et les chantiers écoles.

Désolé, j’aurais mis du temps à l’écrire cet article (nous sommes le 21/07/08 quand je le rédige), mais il faut dire que ces derniers temps ont été plutôt agité, voir les billets suivant… Oui, je sais, c’est pas facile, vu qu’il ne sont pas encore forcément en ligne au moment où vous lirez ces lignes :o)

Voilà le résumé de mon premier chantier participatif, aussi appelé tout aussi justement chantier-école, avec Monique Cerro, maître d’oeuvre aux moultes casquettes, à Mardore, dans la maison de Christophe et Clémence.

Un très beau chantier pour une magnifique maison et un projet prometteur, le tout pouvant se décrire très partiellement avec tout un tas d’adjectifs comme : ambiance chaleureuse, sympathique, studieuse, encadrée, amicale, ensoleillée (quoique), gourmande, philosophique, laborieuse, instructive, joyeuse, confiante, proche, mordillante et poilue… Oui, je sais, ces derniers adjectifs peuvent sembler étrange, et non, je ne me suis frotté sur aucun torse velu, mais je pensais au chien de Monique, Chamalow :o)

Ce billet est un complément personnel de celui rédigé par Monique herself qui résume ce stage à Mardore : Dalle en chaux avec billes d’argile.

Un petit rappel des faits dans un billet précédent « Inscription à mon premier chantier-école… avant le nôtre »

Tout a commencé en cette belle matinée ensoleillée, rendez-vous sur le chantier, près de Mardore (69) à une trentaine de km de chez nous, à 9h30, pour une première prise de contact, un petit café, et bien entendu une présentation des protagonistes.

Le coin est enchanteur, en altitude raisonnable, l’air y est pur, la tranquillité assurée et Christophe, le propriétaire très sympa. Première rencontre avec Monique aussi, après plusieurs cyber-conversations, il me tardait de la rencontrer pour de vrai. Les premiers contacts ont été amplement moins baveux qu’avec Chamalow, mais sa bonne humeur, son entrain et son humour ne manquent pas de mordillant :o)

Premier café, mais premier cours théorique aussi. Pas question de travailler sans comprendre ce que l’on fait, ni pourquoi on le fait. Et comment on va le faire aussi. Je ne regrette pas ma lecture du Traité de l’école d’Avignon sur la chaux, même si ce n’était pas indispensable, elle m’évitera l’air inspiré que je pouvais avoir lors de certains cours il y a bien longtemps de cela, où mon air concentré et absent n’avait d’égal que l’incommensurable inexistence du moindre brin de compréhension de la drôle de scène qui se déroulait sur l’estrade philosophique de mon professeur d’alors… euh, qu’est ce que je disais déjà ? Bon, bref, Monique bien heureusement est bien plus claire que moi (et que mon professeur d’alors), et grâce à mes maigres connaissances théoriques, j’ai quand même pu suivre sans trop de peine tout ce qui m’était expliqué. Sans compter qu’on a le droit de poser pleins de questions qui plus est :o)

La prise de note se fait sur des supports de cours avec des couleurs et tout qui sont fournis le jour 1.
Je n’en dévoilerai pas ici le contenu, n’ayant pas la licence du produit, mais en tout cas, ils sont suffisamment complet pour comprendre ce que l’on fait là, pourquoi on va le faire, avec quels matériaux, et pourquoi ces matériaux là.

Après ce magistral petit cours, visite du chantier, et appréciation du boulot déjà réalisé, et de celui qui nous attend. Concernant le premier point, le chantier est déjà bien avancé… Quand je vois l’état de la maison, j’ai peur pour la notre, surtout que nous on habite dedans :o)

La journée commençait donc bien.

En pratique, voilà ce qui est prévu ; tout se fait dans la même pièce, Christophe l’appliquera ensuite, pas tout seul je l’espère pour lui dans les autres :o) :
– Stade 1 : Installation d’un hérisson sur lequel on déversera un mélange dable/galets avant de couler la dalle chaux-billes d’argile
– Stade 2 : Installation des tuyaux du chauffage au sol sur une couche de liège déversée au préalable. Chape chaux pour l’installation des tomettes
– Stade 3 : Installation des tomettes

Et voilà ce qui a déjà été réalisé sur le chantier, lors de ces trois jours de stage :

!!!!!! Avant toute chose !!!!!!!!!
Précaution indispensable, en plus d’avoir bien prévu assez de matériaux bien entendu 1 , il faut aussi avoir bien prévu le plan de toutes les gaines et canalisations qui passeront dans la pièce, en effet, l’installation de certaines se fera beaucoup plus difficilement une fois que le hérisson et tout le reste sera installé ! Ici, c’est Ali (Societé Erialos) qui s’en est chargé…

Petite aparté sur les maîtres d’oeuvre à l’ouvrage ici :o)
En plus de Monique, aussi surnommée à juste titre « Super Monique » ou « Sainte Monique » sur certains sites :o), qui est une personne étonnante, ouverte, très sympa, respectueuse, très à l’écoute, experte en restauration de bâtiments anciens, spécialiste de la chaux et de biens d’autres matériaux, et plus que digne de confiance… je pourrais encore continuer longtemps mais j’ai encore des stages avec elle et ses mollets ne passeront plus les portes ensuite, et on a trop besoin d’elle à l’intérieur aussi :o)
Bref, en plus de Monique Cerro donc, j’ai aussi pu rencontrer Ali (qui a crée sa societé Erialos cette année. Cherchez le sens du nom commercial de sa societé, c’est un anagramme très difficile… pour vous aider, j’ai laissé un indice dans ma phrase précédente) dont j’avais déjà lu certains exploits sur le site de Thierry Baruch et de sa famille. Et je dois dire qu’en plus de son philosophique humour et de sa grande connaissance sur tout un tas de sujets écolo ou pas, il est étonnant de capacité, curieux et avide de connaissances, très ouvert et efficace, et est un travailleur équipé et acharné :o)
J’aurais l’occasion de le voir encore lors des prochains stages, et peut-être le verrons nous aussi au Bief, même s’il ne le sait pas encore, et nous non plus :o)

Installation du hérisson. Je vous laisse la joie de découvrir ce qu’est un hérisson sur des sites plus techniques que le notre, mais pour résumer, le hérisson, hormis bien sûr le fait d’être un gentil petit animal persécuté et dévoreur de limaces (RAAAAAAAÂHHHH les limaces !!!!! hum, pardon…), est aussi une couche qui se trouve en dessous de la dalle et qui sert entre autre à l’aération en dessous de cette dernière. Cette aération permet un écoulement de l’eau ou de l’humidité, une meilleure gestion de l’hygrométrie, et est donc indispensable pour toute dalle sur milieu potentiellement humide, et les autres aussi. Elle est aussi la première couche de matériaux en contact avec notre bonne vieille Terre. Elle se compose de ce que l’on veut, des gros cailloux, des tuiles cassées (en terre cuite), mais surtout pas de reste de méchant ciment ou de sale béton car eux ne gèrent pas bien du tout l’humidité, le hérisson aurait donc des conséquences négatives pour votre dalle/chape/maison. Cette étape est assez longue à réaliser l’air de rien, il faut déjà transporter des tonnes de cailloux d’un endroit à l’autre, les disposer de façon à ce qu’ils soient stables, laissent passer l’air bien sûr, et ne dépassent pas trop le niveau prévu. En effet, il faut encore compter en plus du hérisson, l’épaisseur de sable de béton (étape suivante), la dalle elle même, le liège, la chape et les tomettes et ne pas arriver à 15 cm au dessus du pas de la porte :o)

On a déversé ensuite des brouettes et des brouettes d’un mélange de sable de béton (sable avec galets) et de galets purs, afin de créer un couche de stabilisation sur laquelle on coulera la dalle. Cette couche se compose de 1 volume de sable de béton pour 4 volumes de galets. En effet, pas besoin de trop de sable ici.

On humidifie le dessus de cette couche, et on y installe des plots, qui serviront de support pour les guides qui permettront de lisser le dessus de la dalle, afin qu’elle soit lisse (ah bon?) et surtout qu’elle soit le maximum à niveau. Ces plots sont composés de sable 0,4 (2 volumes), de paille (1 volume environs, un peu moins en fait), de chaux (2,5 volumes) et d’eau, le tout est mélangé à la main (AVEC DES GANTS !) et on pose les plots sur le sable béton/galets préalablement versé.

Avant de poser ces plots, il peut être intéressant de réfléchir à la manière donc on va circuler dans la pièce avec son chargement de mélange chaux/argile pour la dalle. En effet, une fois les plots et leurs guide mis à niveau, plus question de circuler avec la brouette n’importe comment dans la pièce. C’est très embêtant ces histoires de niveau, si si. On y a passé de longs moments, très longs… :o)

Aparté sur les guides…
Comme rail de guidage, à poser sur ces plots, on peut utiliser du bois, comme des tasseaux par exemple, ou mieux encore des rails pour placo. Ceux-ci sont en métal et ne se plient donc pas au milieu, ne gonflent ou ne sont pas modifiés par l’humidité mais ne doivent pas rester en place si la dalle sèche un peu, car leur forme en U fait qu’ils risquent d’arracher des morceaux de dalle car l’intérieur du U sera rempli de mortier.

Donc, entre ces rails, une fois placés sur les plots et bien à niveau, on déverse le mortier de chaux directement sur la couche de sable/galets d’avant et humidifiée avec un vaporisateur. Le mortier dépasse légèrement des rails.

Composition du mortier de chaux utilisé pour cette dalle :
2,5 vol de chaux hydraulique NHL5
2,5 vol de sable
2,5 vol de billes d’argile
(5 volumes d’agrégats pour 2,5 volumes de chaux)

aparté sur les billes d’argile…
Cette partie de la maison étant très humide, puisque semi-enterrée, les billes d’argile ont ici plusieurs fonctions : en premier lieu, la régulation de l’hygrométrie, les propriétés de ces billes d’argiles sont excellente dans ce domaine. Elle prend aussi du volume dans le mortier et allège d’autant la dalle, car ces billes ne pèsent presque rien.

On pose une règle métallique sur les rails, et on tire le mortier chaux vers soi en effectuant un mouvement gauche/droite afin de lisser la dalle à niveau avec les rails. On comble les trous s’il y en avec une truelle et on passe ensuite la taloche en plastique afin de lisser et de faire remonter l’humidité.

Aparté sur les taloches… (oui, si je veux, je fais plein d’apartés, na !)
Deux types de taloches, entre autre. La taloche plastique, qui fait remonter l’eau lors de son passage, elle « ouvre le support » pour la suite (dalle, chape, etc…). Et la taloche en bois, qui « ferme le support » en faisant redescendre l’eau, on ne met rien derrière ensuite, l’eau disparaissant vers l’arrière, une croûte se forme très rapidement. On l’utilise donc plutôt pour les enduits.

Une fois la dalle lissée et talochée, on fait glisser les rails, tout en prenant garde à conserver ce scrogneugneu de niveau, et on redéverse du mortier et on repasse la règle etc…. Les plots eux, restent sur place et sont intégrés à la dalle.

Ca a l’air de rien comme ça, mais pour faire une pièce de 20m2 environs, on aura mis 3j. :o) Bon, tout dépend le nombre d’ouvriers en fait, et pour ce stage, la communication s’étant faite très tardivement, j’avais la chance d’être tout seul. Enfin la chance, plus on est de fous, plus on partage de connaissances :o) mais bon, pour un premier contact, cela me permettait d’être chouchouté et de bien comprendre ce qui se passait sur toute la chaîne de production, beuark, quels vilains mots… ^_^

C’est une grande chance que de pouvoir participer à ce type de chantier, et pas seulement parce qu’ils sont dirigés par des professionnels de grande qualité, passionnés et amoureux de leur métier, mais aussi parce qu’on y a la chance de pouvoir y apprendre du premier coup les gestes qui marchent, les mélanges qu’il faut, les erreurs à ne pas commettre, celles que l’on peut se permettre, le matériel à avoir, celui dont on a pas besoin. On peut y partager ses connaissances, en assimiler d’autres. Finis les artisans qui vous embobinent par la suite en tentant de vous faire croire que le béton est indispensable, ou tout simplement qui tenteront de vous faire gober/vendre tout un tas de trucs. Soyez plus sûr de vous en en sachant tout simplement plus. L’argent dépensé pour ces stages est un réel investissement, car non seulement il va nous en économiser plein pour la suite (moins d’erreurs, moins d’essais, matériel plus adéquat, rien de tel que la pratique (que veut dire une texture humide mais pas trop dans un livre si on ne le voit pas soi même :o) )…), mais il permet de faire aussi vivre des gens qui en valent vraiment la peine, et ça, de nos jours, cela n’a pas de prix :o)

  1. A ce propos, un petit aparté en bas de page pour bien préparer ses chantiers… lisez l’article « Préparez bien vos chantiers à la chaux, et les autres aussi !!! »

8 réponses sur “Mardore… Premiers contacts avec la chaux et les chantiers écoles.”

  1. Miam ! De la soupe au choux … pardon à la chaux. Presque pareil en consistance quand on fait bien cuire le végétale. Mais un peu plus indigeste pour le minéral 😀

    J’suis trop loin pour que Monique passe sur notre future chantier (dans la grange, tu sais celle qui tombe). Mais il va falloir que j’aille faire un stage dans le sud, rien que pour la rencontrer. Tiens ben ca pourrait peut-etre etre chez quelqu’un que je connais avec qui je bossais avant et qu’est un lach… je m’emballe 😀

  2. Salut !!!

    magnifique !!! Quel beau résumé !
    Pour le reste, rien à redire, tu as été un excellent stagiaire, courageux, efficace et pile poil dans l’ambiance… un vrai plaisir !
    Je ne suis pas sûre que Tony serait une aussi bonne recrue 😉 Je connais ses tendances à me houspiller sur le forum de Sd, alors je crains le pire !!! :))) Boh, je ferai avec…. 😉

    Je me permets de mettre le lien vers cet article sur mon site: il est la preuve qu’en trois jours on comprend le pourquoi et le comment… et puis bravo pour les photos dont celles de Chamalow… il est si beau !!

    PS: Mes chevilles me tiraillent un peu. Début de gonflement ? …. Aïe aïe aïe…

  3. Bonsoir Antoine,

    Merci beaucoup de nous avoir fait partager de manière détaillée toutes les étapes du stage de Monique !
    Cela m’éclaire sur la manière de procéder et me montre que d’autre l’on déjà fait et avec succès
    Tout ceci est d’une grande aide (valeur) pour moi
    Il n’y a plus qu’à… 🙂

    ps: dommage que je soit si loin, ce genre de stage m’intéresserait, cela à l’air sympa et formteur

  4. Hello,
    Meuh non, c’est pas trop loin, d’ailleurs, en 2009, c’est au Bief que se dérouleront de tels chantiers, et j’espère que cela ne sera pas trop loin pour tout le monde :o)
    Antoine

  5. 😯 Bonsoir! Eh bien moi, je suis bleuffé et complètement emballé par tout ce que vous faites et que j’ai découvert depuis peu. J’avais presque l’impression que tout ça n’existait que dans les rares revues écolos. Mais où vous cachez vous tous. J’aimerais rencontrer + de passionnés comme vous dans ma vie de tous les jours mais je suis assureur, désolé et ça ne facilite pas la chose!!
    Par ailleurs, je campe dans une très vieille maison qui attends que j’y réalise toutes mes promesses de travaux dans cet esprit mais pour trouver des passionnés dans mon coin, pas facile (département 27)!!!
    j’espere vous rencontrer des que possible dans un de ces chantiers.
    Amicalement

  6. Bonjour,

    Merci pour cet article détaillé!

    Je profite de ce message pour signaler a vos lecteurs mes chantiers participatifs a la chaux:

    travaux sur ecoconstruction en bottes de paille Gers

    le prochain du lundi 23 juillet2012 au mercredi 15 aout 2012
    mais même pour deux jours vous êtes les bienvenus !

    Situé a 40 kms de toulouse, le chantier participatif de Catonvielle (32200) a bien besoin d’aide

    Envie d’acquérir des méthode de travail en équipe
    permettant l’utilisation de produits naturels de finition?
    – découverte de la chaux, des agregats colorés, des dosages
    – découverte du matériel et des règles de préparation
    – fabrication des textures traditionnelles et mise en œuvre
    – enduits terre sur mur chauffant
    – peintures naturelles

    Démonstration et application sur les murs intérieur par les participants

    de nombreux details, photos du site et explications sur:
    http://www.maisonpaille.over-blog.net

    inscriptions: maisonpaille@laposte.net
    département: 32

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